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S.F. one day one shot
7 octobre 2006

Silence, on tue!


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Profonde tristesse, et colère aussi, en apprenant ce jour l'assassinat d'Anna Politkovskaïa, journaliste russe, mère de deux enfants aussi, qui a mené une lutte sans égal pour dénoncer la situation en Tchétchénie où elle était l'une des rares à se rendre régulièrement. D'après ce que j'ai pu lire dans Le Monde (apparemment la nouvelle fait quand même la une en Europe!), elle venait d'écrire pour son journal Novaïa Gazeta (le seul d'opposition en Russie) un compte rendu sur les exactions monstrueuses commises par le vice-premier ministre tchétchène Ramzan Kadyrov, homme absolument fou qui agit dans l'impunité la plus totale sans perdre pour autant l'appui de Poutine. Elle préparait également un article sur les tortures en Tchétchénie. Elle avait publié plusieurs livres, dont Voyage en Enfer, Journal de Tchétchénie et tout récemment La Russie selon Poutine. Il est à souhaiter qu'elle ne soit pas morte pour rien, et que cet assassinat qui semble susciter de vives réactions dans le monde enraye la complaisance habituelle de nos gouvernements envers la politique menée par Poutine dans le Caucase.
Ok, le ton est politique aujourd'hui, mais je ne peux bien sûr me montrer totalement indifférente à l'actualité et continuer, même à des milliers de miles, à parler maison et jolis avions alors qu'en 2005, comme vous le savez, j'ai lancé au moment de l'ouverture de la première Biennale de Moscou, la Biennale de l'Urgence en Tchétchénie qui continue à tourner (www.emergency-biennale.org), qui est depuis  un peu toute ma vie, et qui devient aussi plus urgente que jamais, comme certains ont pu me l'écrire. J'ai tout à l'heure envoyé un long pli à Glucksmann de qui je recevais un communiqué, et bien sûr aux amis Tchétchènes, afin de rassembler autant qu'il se peut les énergies et démarches travaillant dans le même sens. Je crains beaucoup pour la vie d’autres femmes qui comme Anna démontrent tant de courage en poursuivant leurs luttes tout en vivant encore sur le sol russe. À la guerre, aussi abjecte et barbare soit-elle, on ne peut répondre par la violence de la guerre, ni même par la résistance en solitaire, mais bien sans doute par la force d’une communauté de pensées et d’actions qui puisse faire écho pour l’impulsion du vrai changement, autrement dit pour la dignité humaine, l'optimisme créatif et la liberté droite et juste pour chacun. C'est ce que je pense en tout cas. Et quand on travaille dans l'art, rare domaine où l'on puisse encore user de la libre expression pour parler du monde, alors il en va sans doute aussi de notre responsabilité de tenter ensemble d'agir pour ceux qui ne peuvent pas ou plus s'exprimer.
Bon, en ce moment je ne lis pas Baudelaire, ni Kerouac, pour répondre aux commentaires, mais Martin Luther King : The Strength to Love, car même s'il a lui aussi été tué pour avoir trop parlé de liberté, l'injustice, l'iniquité, l'oppression, la discrimination, la barbarie, la terreur, mais aussi l'indifférence, font encore la honte du 21ème siècle… Let's have a dream… et paix pour Anna.


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